Terry « Harmonica » Bean
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST


Terry, peux-tu te présenter et évoquer l’environnement familial au sein duquel tu as évolué pendant ton enfance ?terry bean
Oui, je me nomme Terry « Harmonica » Bean et je vis à Pontotoc, dans le Mississippi, aux USA.
Mes premiers souvenirs, vis-à-vis du blues, remontent à mes 7 ou 8 ans. Mon père et mon grand-père jouaient déjà cette musique. J’ai donc baigné dans cette atmosphère musicale dès ma plus tendre enfance. Parmi tous les enfants de la famille, j’étais l’un de ceux qui s’intéressaient vraiment à la chose… Il faut dire qu’il y avait deux clans. Ceux qui se consacraient au blues et les autres qui, eux, étaient des fervents du gospel.
J’ai commencé à jouer très jeune et j’ai toujours continué même si, à une période, je me suis aussi lancé dans la pratique du base-ball. J’ai même eu la chance de mener une carrière professionnelle dans ce domaine. Cette dernière a été interrompue en raison d’un accident de moto. Je suis donc, naturellement, revenu au blues et je m’y consacre entièrement depuis…

A titre personnel, as-tu quand même un peu chanté à l’église ?
Non mais mes frères et mes sœurs chantaient à l’église…

Pour quelle raison, est-ce purement lié à la religion en soit ?
Il y a beaucoup de points communs entre la musique chrétienne et le blues. Il y a, évidemment, de fortes divergences dans les textes mais les musiques sont semblables. Tu peux aimer le blues et beaucoup apprécier le gospel mais l’inverse est beaucoup plus rares. Pour la génération de ma grand-mère, qui est décédée l’an dernier à l’âge de 105 ans, le blues était encore la musique du Diable. Pour elle, par contre, c’était juste de la musique. Cependant il y avait toujours une certaine appréhension.
Le fait de fréquenter les clubs et les « juke joints » signifiait, souvent, que tu allais être confronté à l’alcool, à des bagarre, voire te faire flinguer. Le blues a toujours été synonyme de tout cela…

La réaction de l’ensemble de ta famille a-t-elle, malgré tout, été positive quand tu as annoncé que tu voulais faire une carrière de bluesman ?
Quand j’ai annoncé cela, mes parents sont morts (rires) !
Je plaisante mais il faut dire que j’ai été le premier à réellement prendre cette décision et à vouloir vivre du blues, en parcourant les routes du monde entier.

Quelles sont tes principales influences ?
J’ai grandi en écoutant mon père, Eddie Bean, qui jouait de la guitare. Il interprétait des morceaux de BB King ou de Little Milton. Parfois ses amis musiciens venaient à la maison. Ensemble ils avaient un groupe qui se produisait dans les « juke joints » ou lors de « house party ».
Sinon j’écoutais beaucoup d’artistes. J’étais un grand fan de Muddy Waters, Jimmy Reed, Howlin’ Wolf et de tous ces gens là…
Ceci dit celui qui m’a le plus influencé, en ce qui concerne le blues, est mon grand-père. Son nom était Rossie Johnson. Il jouait d’une vieille guitare acoustique. Sa personnalité était impressionnante, avec sa fameuse cigarette… Il se produisait dans des bars mais n’a jamais enregistré. Je lui doit une très grande partie de ma culture musicale, tout est lié à lui.

A quand remontent, exactement, tes débuts en tant que musicien professionnel ?
J’ai vraiment commencé à être reconnu, en tant que bluesman, à l’âge de 26 ans. Pendant dix ans j’ai joué un peu partout, petits clubs, coins de rues, partout où l’on pouvait me remarquer.
Aux alentours de 38 ou 39 ans, je me suis produit dans la rue à Helena, Arkansas.
J’y ai rencontré un italien qui était là afin de prendre contact avec le bluesman John Weston (qui a beaucoup influencé Terry, nda). Il voulait le programmer dans un Festival et m’a demandé si je le connaissais. Comme je savais même où il vivait, je lui ai proposé de l’accompagner. De fil en aiguille, le gars est tombé sous le charme de ma musique est m’a, par la suite, également proposé un engament pour sa manifestation. C’est ainsi que je me suis retrouvé, pour la première fois, en Italie… C’était mon premier passage en Europe…terry bean

C’était en quelle année ?
C’était en 2005 ou 2006 (probablement après les prestations italiennes de John Weston puisque ce dernier est décédé en juillet 2005, nda)...

La scène blues dans le Mississippi est-elle toujours aussi riche ?
Surtout grâce aux grands Festivals qui l’agrémentent. Par exemple le « Juke Joint Festival » de Clarksdale qui se déroule au mois d’avril. En août, nous avons le « Sunflower River Blues & Gospel Festival » où des gens comme John Lee Hooker, Muddy Waters, Sam Cooke ou Junior Parker se sont produits dans le passé. En septembre il y a, à Greenville, le « Mississippi Delta Blues & Heritage Festival » où il y a eu des têtes d’affiche telles que Little Milton, Jimmy Reed et tous ces gars.
J’ai oublié de citer une manifestation très importante qui se déroule tous les ans, au mois de juin, à Indianola « The BB King Homecoming Festival ». La grande star y est présente tous les ans et un grand musée y a été inauguré en son honneur. Enfin, en octobre, il y a le fameux « King Biscuit Blues festival »… Pinetop Perkins, qui est décédé la semaine passée, en était une figure emblématique. Je tiens à lui rendre hommage car il était l’un des plus grands pianistes de l’histoire du blues, doublé d’un homme formidable…

Sur cette scène, quels sont tes meilleurs amis ?
Le regretté John Weston dont nous parlions précédemment, T Model Ford avec lequel j’ai collaboré puisque j’ai joué avec lui pendant 4 ans. Enfin je reviendrai toujours vers lui, puisque je le considérais aussi comme un ami, mon grand-père…
Je tiens, aussi, à citer une personne que je cite comme une légende de l’harmonica, Monsieur Cadillac John !
C’est un vieil homme maintenant (il est né en 1927, nda) mais son talent est intact. Il est un digne successeur de Little Walter. Partout où il passe, le public est subjugué… Je l’ai encore vu, il y a environ deux semaines. Il est plein de vitalité et il lui arrive encore de donner 3 ou 4 concerts par semaine…

Connais-tu la Fondation Music Maker ?
Oui je connais cette fondation fondée, en Caroline du Nord, par Tim Duffy… Ce dernier est quelque un que j’ai eu l’occasion de rencontrer. C’est un type bien !

Pourrais-tu travailler avec lui ?
Je pourrais travailler avec n’importe qui, à partir du moment où je suis payé (rires) !terry bean

De quoi parles-tu dans tes chansons ?
Elles disent que Terry « Harmonica » Bean se produit sur scène pour vous… et qu’il va vous faire danser toute la nuit !
Ceci en évoquant la vie de tous les jours et les soucis du quotidien.
Je suis sur la route, en Europe, depuis 2 semaines avec mon ami Fred Brousse. Cette expérience m’a déjà inspiré pour l’écriture de 3 nouvelles chansons.
Je les enregistrerai lorsque je retournerai en studio, au mois d’octobre prochain…

Où vas-tu enregistrer ce prochain disque?
Chez un ami, à Harrisburg en Pennsylvanie…

Combien de d’albums as-tu enregistré à ce jour ?
6 ou 7 je pense…
Je peux te citer, en vrac, « Rockin’ in the Dirty South », « Here I am Baby », « Hill Country Blues With The Big Sound » etc…
Cela commence un peu à remonter donc il me faut un petit peu de temps pour tout me remémorer…

En tout cas-tu as l’air très content d’être ici, en France, pour jouer ta musique…
Je joue du blues depuis une trentaine d’années… et cela doit faire 30 ans que je rêve de venir en France (rires). J’ai joué dans tous les coins du Delta, j’ai bien roulé ma bosse dans le sud des USA…
Je suis donc content de pouvoir, enfin, venir dans ce pays pour y montrer ce que je sais faire.

Peux-tu me présenter ton groupe français, qui t’accompagne ici ?
Oui, mon groupe français !!!
Il y a Monsieur Fred Brousse à la guitare, Luc Lucas à la basse et à la batterie Cédric Son Juan. Je surnomme ce dernier Cedric Burnside car il a tout compris des rythmes que l’on joue dans les juke joints du Mississippi (rires) !

Quels sont tes projets ?
Je repars aux Etats-Unis lundi prochain…
Je resterai à la maison deux jours avant de me rendre pour des prestations, dans la maison de Charley Patton du côté de la Dockery’s Plantation. Ce sera des concerts, principalement, réservés aux touristes.
C’est un endroit d’où viennent aussi d’autres légendes telles que Jimmy Rogers ou l’harmoniciste Snooky Pryor. Puis je participerai à un Festival pour une Université de l’Arkansas avant de me rendre du côté de St Louis, puis de Kansas-City etc…
J’ai donc un programme très chargé. D’autant plus que je jouerai, aussi, pour un concert de soutien pour la famille de Big Jack Johnson qui nous a quittés il y a environ 3 semaines…
Nous allons faire une grande fête, en sa mémoire, dans un juke joint…

Souhaites-tu ajouter une conclusion ?
Terry « Harmonica » Bean du Mississippi et Monsieur Fred Brousse, ici présent, font tout leur possible pour garder le blues vivant. Nous sommes là pour vous faire danser, alors profitez-en et venez nombreux !

Remerciements : Fred Brousse

www.myspace.com/terryharmonicabean

 

 

 

 
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Interview réalisée
au Caf’ Conc’ d’Ensisheim
le 29 mars 2011

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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